Les tensions politiques sont particulières en Belgique. On l’a toutes et tous entendu à de nombreuses reprises, lors de discussions, ou sur Internet, « wallons paresseux », « flamands méritants », ces réflexions font partie du conflit frontalier en politique belge. Wallonie, Flandre, Bruxelles, séparation du territoire, c’est compliqué de s’y retrouver. Toutes ces caractéristiques propres à notre pays mènent inévitablement à des questions. Pour mieux comprendre, il est nécessaire de revenir à la base, une division communautaire, menant inévitablement à de nombreux conflits.
Origine des tensions Wallonie-Flandre
Un point de départ, l’indépendance
En 1830, lors de l’indépendance de la Belgique, la langue nationale choisie est le français, en réaction à la politique imposée précédemment, qui imposait le néerlandais. Pendant cette période, les classes supérieures sont toutes francophones, l’utilisation du néerlandais était limitée. Les élites francophones contrôlent et dirigent le pays. Au fil du temps, les flamands sont mécontents de la situation, se sentent défavorisés, et vont commencer à s’émanciper petit à petit, via des réformes, des révoltes, et un fort sentiment de volonté d’autonomie naissant.
La frontière linguistique

En 1960, les mouvements nationalistes flamands et wallons commencent à se développer, revendiquant chacun plus d’autonomie pour leurs régions. En 1962, les dirigeants politiques cherchent des solutions afin que chaque région et communauté puisse prendre leur envol autonome. C’est la création de la frontière linguistique. Il existe donc trois communautés linguistiques (francophone, flamande et germanophone). Le 24 décembre 1970, lors de la première réforme de l’état belge, les trois régions de Belgique sont définies. La région wallonne, la région flamande, et la région de Bruxelles-Capitale.
Le conflit entre la Wallonie et la Flandre est généralement lié à des différences culturelles, linguistiques et économiques entre les deux régions. Mais ces différences vont influencer le monde politique. Les Flamands sont majoritairement néerlandophones et ont une culture et une identité propre qui diffèrent de celles des francophones wallons. De plus, la région flamande est plus riche que la région wallonne et bénéficie d’un taux de chômage inférieur. Cet écart de richesse, étant souvent source de tension, peut mener à des situations de tensions politiques particulières. Par exemple en ce qui concerne les compétences de chaque région, les budgets, les infrastructures, ou encore la question de la représentation politique.
On peut exprimer l’origine des différences entre ces deux régions en trois axes différents :
- Historique
La Belgique a longtemps été divisée en plusieurs États distincts et souvent en conflit. La Flandre, dans le nord, est plus prospère et développée que la Wallonie, elle étant dans le sud. Une première divergence se fait sur la manière de s’industrialiser, la Wallonie s’est développée à travers l’exploitation de ses ressources minières, tandis que la Flandre a développé une économie basée sur l’agriculture et l’artisanat.
- Langue
Les deux régions ont des langues et des cultures totalement distinctes. On parle le néérlandais d’un côté, et français de l’autre. Cela a été une source de tension particulière et a causé de gros problèmes de communication dans les relations entre les deux régions depuis que le pays existe. En bref, la barrière de la langue est un soucis majoritaire depuis la création du pays, il est clair que si des individus ne savent pas communiquer entre eux, il y a un risque de mésentente, et de problèmes de communication.
- Economique
La Wallonie a dû faire face a plusieurs soucis économiques, le taux de chômage y est plus élevé, et les industries sont en difficulté croissante. A l’inverse, la Flandre est l’une des régions les plus prospères d’Europe, avec une économie qui est assez diversifiée et en croissance.

La politique belge, un système pas comme les autres
Le système politique belge est très complexe et diversifié, comme vu précédemment, le pays est divisé en trois régions, avec différentes communautés linguistiques et régions autonomes ayant des compétences législatives et exécutives distinctes. Comme indiqué plus tôt, les relations entre les différentes communautés ont été tendues dans le passé et ont donc conduit à une série de réformes institutionnelles ayant pour objectif l’acroissement et l’autonomie des régions ainsi que des communautés linguistiques.
Une division linguistique majeure
Dans les régions unilingues, le français est rarement utilisé en politique, tandis que le néerlandais est prédominant en Flandre et en région bruxelloise. En Wallonie, le français est la seule langue officielle et est utilisé dans tous les aspects de la vie politique, ainsi qu’administrative.
Cependant, en région bruxelloise, qui est une région bilingue, les deux langues sont utilisées en politique. Les institutions de la région bruxelloise ont des équipes linguistiques, avec des représentants francophones et néerlandophones travaillant ensemble pour résoudre les questions liées à la gouvernance de la région.
Un manque de repaire pour les citoyens frontaliers
Pour les citoyens à la frontière, ce n’est pas de tout repos, la division linguistique pose problème, et ce n’est pas toujours clair. Dans certaines communes, être un francophone installé en Flandre peut s’avérer complexe. Le gouvernement régional impose de parler le néerlandais, ce qui limite certains francophones, par exemple, à l’embauche. Un reportage a été réalisé à ce sujet, il évoque les tensions en Belgique sur quelques soucis, parfois particuliers, engendrés entre les deux régions.
Les partis politiques s’en mêlent
En Flandre
Ce conflit Wallonie-Flandre ne s’arrête pas à une simple friction citoyenne. Un parti politique en particulier, le Vlaams Belang, mené par Tom van Grieken, est considéré comme fortement nationaliste et séparatiste. Le V-B rajoute une couche supplémentaire concernant la séparation du pays. Effectivement, ce parti prône une division claire ayant comme objectif de créer un état flamand indépendant. Un des arguments mis sur la table par les partisans du V-B, est qu’ils estiment la Flandre comme étant plus prospère que la Wallonie au niveau économique. Selon eux, elle serait un frein à cause de la politique fiscale qui y est menée. Ils affirment clairement que la Flandre subventionne le sud du pays, et que cela nuit à leur développement économique.

Mais l’économie n’est pas l’unique raison d’une volonté de séparation. D’autres membres du Vlaams Belang évoquent des différences culturelles et linguistiques trop fortes, ne permettant pas un vivre ensemble cohérent, des tensions trop fortes qui ne permettraient pas de coexister au sein d’un même état. Pour eux, Flandre et Wallonie sont des communautés distinctes, qui ont leur propre histoire, leur propre culture, et leur propre langue. Un slogan connu est d’ailleurs souvent repris par certains membres les plus radicaux du parti : « Wallen buiten » ( Wallons, dehors).
Et Bruxelles ?
Bruxelles constitue un véritable obstacle à la séparation. Arriver à une solution commune pour toutes les parties impliquées parait de l’ordre de l’irréalisable. Si la Belgique venait à se séparer, aucune des deux parties, francophone ou néerlandophone, n’accepterait de se passer complètement de cette ville, que ce soit pour des raisons politiques, économiques, ou même encore symboliques. Il n’y a aucun accord possible tant qu’une des parties, nord ou sud, renoncerait à la capitale.
Concrètement, ça donne quoi ?
Quelques chiffres
Malgré les divergences et les relations complexes qu’entretiennent Flandre et Wallonie, la position des citoyens sur la question de la séparation du pays en états indépendants n’est clairement pas majoritaire. En 2019, l’hebdomadaire Knack annonce dans un sondage que seuls 16% des électeurs flamands sont favorables à l’indépendance. Du côté des indépendantistes à la N-VA et au Vlaams Belang, ils ne constitueraient « que » 25% d’un côté, et 30% des électeurs de l’autre.
Selon le Soir Mag, en 2020, 28% des flamands seraient favorables à l’indépendance. Du côté francophone, seuls 18% des wallons seraient favorables à une scission.
Un vivre ensemble obligatoire ?
En conclusion, les chiffres l’indiquent, une scission ne parait pas envisageable. Même si il est clair que, et ce depuis 1830, il existe bel et bien une dimension communautaire, traduite par le problème linguistique, le débat ne serait-il pas ailleurs ? Il existe un grand nombre de sujets importants dans l’agenda politique actuel, à l’heure du défi climatique, d’une situation d’immigration complexe, de questionnement sur la sécurité, de l’augmentation du prix du gaz et de l’éléctricité…
Est-ce que l’on doit faire de la scission de la Belgique le point principal de discussion au sein du pays, ou est-ce que le rôle des dirigeants ne devrait pas plutôt être de mettre l’accent sur les vrais sujets de société, qui impactent directement une majeure partie des citoyens de notre pays ?
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