Le 24 février dernier, la Russie envahit l’Ukraine. Un moment particulièrement prenant pour le monde entier qui, soudainement, retient son souffle. Depuis, le conflit bat son plein en Ukraine, entre les deux pays. Sur ce conflit, l’Europe est incapable de fermer les yeux et les citoyens sont amenés à se conscientiser sur le sujet. Cependant, si dans nos pays, nous pouvons facilement nous renseigner grâce à nos médias d’informations et nous mettre à jour sur l’avancée de ce conflit, il n’en va pas de même pour tous. Face à cette situation, la Russie poursuit plus que jamais sa politique de censure des médias et le peuple russe, lui, avance à tâtons, pris dans le brouillard de l’ignorance.
Un conflit qui ne date pas d’hier
Indépendante depuis 1991, l’Ukraine est une ancienne république soviétique qui, aujourd’hui, a un rôle tampon entre l’Europe et la Russie. En 2005, avec l’élection du président Louchtchenko, le pays se rapproche de l’UE et de l’OTAN, un lien qui ne va pas sans déplaire au Kremlin, l’OTAN étant une alliance militaire mise en place notamment pour faire face à la « menace soviétique« .
En 2014, une révolution éclate, entraînant la chute du président ukrainien. Vladimir Poutine profite alors de l’occasion pour annexer la Crimée, péninsule stratégiquement importante, dont le rattachement est validé par les habitants à une écrasante majorité.
Aujourd’hui, la situation a dégénéré, notamment suite à la demande de Vladimir Poutine d’avoir la certitude que l’Ukraine ne deviendra jamais membre de l’OTAN. Une demande faite à Washington mais que les membres de l’alliance trouvent inacceptable.
Les origines du conflit vous intéresse et vous aimeriez approfondir vos connaissances sur le sujet ? Ci-dessous, une vidéo de quelques minutes qui retrace les origines du conflit et l’état des tensions actuelles entre les deux pays.
Une politique de censure bien ancrée
Si le conflit bat son plein depuis plusieurs semaines, c’est un tout autre combat que les citoyens russes doivent mener. En effet, la politique de censure en Russie n’est pas chose nouvelle et, aujourd’hui, avec les tensions actuelles entre les deux nations, le contrôle exercé sur les médias d’information n’a fait que se renforcer.
Si la censure est interdite par la Constitution de la Fédération de Russie, cela n’empêche pas les dirigeants russes de censurer et limiter la liberté d’expression à de nombreuses reprises, qu’il s’agisse de médias d’information ou de divertissement. Cette censure fait partie du quotidien russe depuis de nombreuses années déjà, la chute du régime soviétique en 1991 n’ayant pas réellement permis aux journalistes russes de retrouver leur liberté d’expression.
Selon la législation de la fédération de Russie sur les médias de masse, la censure se définirait comme une « exigence (…) de coordonner préalablement à leur diffusion les messages et documents à diffuser ainsi que l’obligation d’interdire le cas échéant leur diffusion entière ou partielle ». Parmi les différentes interdictions mises en place par les dirigeants russes, on retrouve notamment une liste de nom de personne qu’il ne faut pas inviter à la télévision, la satire politique n’a pas sa place dans les médias, tout comme certains sujets considérés comme « anti-russe », ou « blasphématoire ».
En 2013, l’organisation Freedom House produit un index de liberté dans laquelle la Russie trouve sa place. De 0 à 30, on retrouve les pays où Internet est libre ; de 30 à 60, ceux où la liberté est partielle ; de 60 à 100, ceux sans liberté. La Russie se retrouve à l’index 54. Toujours selon cet organisme, en 2016, la situation de la censure en Russie avait tendance à s’aggraver.
En 2021, la Russie occupe la 150ème place du classement mondial de la liberté de la presse, généré par RSF, et regroupant 180 pays différents. Il s’agit d’un outil de plaidoyer essentiel fondé sur le principe de l’émulation entre États. Comparativement, la Belgique occupe la 11ème place de ce classement.
Un peuple dans le brouillard
Si, chez nous, en Europe, les informations concernant le conflit Ukraine-Russie nous parviennent presque en direct, ce n’est pas le cas de tous et, notamment, du peuple russe qui subit à nouveau la censure mise en place par le Kremlin afin de museler les médias russes et l’information qu’ils produisent.
En Russie, il existe un service fédéral de supervision des communications, des technologies de l’information et des médias de masse, appelé le Roskomnadzor. C’est notamment ce service qui est à l’origine de la censure des médias en Russie, sur internet ou d’autres supports.
Parmi les interdits imposés aux médias, on peut citer le fait qu’un certain nombre de termes soient défendus car trop polémiques, comme ‘guerre’, ‘invasion’, ‘offensive’. D’ailleurs, un certain nombre de médias indépendants russes ont été menacés de recevoir une amende s’ils ne supprimaient pas leurs articles concernant le conflit en Ukraine. Finalement, seules les informations provenant directement du ministère russe de la défense peuvent être transmises aux citoyens afin de les ‘informer’. Certains sites web ont également été bloqués et les accès à Facebook ou encore Twitter ont été limités. Les médias sont priés, par le Roskomnadzor de ne parler des évènements en Ukraine que comme d’une ‘opération spéciale’.
Au-delà de la censure mise en place, le service de supervision des communications n’hésite pas à publier des avertissements contre les médias d’informations problématiques, les accusant de diffuser de fausses informations, non vérifiées. Le ministère de la Défense a notamment accusé un média russe, Novaïa Gazeta, de partager de fausses informations préparées par l’Ukraine et basées sur « des modèles approuvés par ‘la propagande américaine’ et l’OTAN pour discréditer la Russie.«
Finalement, les médias sont tiraillés entre prendre le risque de montrer la vérité et jouer la sécurité en racontant ce que l’État veut que l’on dise. De la liberté d’expression à la liberté de penser, il n’y a qu’un pas et si l’une est censurée dans le pays, cela a des conséquence sur la seconde. Les citoyens russes se retrouvent alors dans le brouillard, certains estimant que « ce sont les médias étrangers qui racontent n’importe quoi« , d’autres déclarant avoir « une totale confiance envers Poutine« . Une autre partie de la population, généralement plus jeune, tente de s’informer, principalement sur les réseaux sociaux, afin d’ouvrir les yeux sur les réalités du conflit en cours.
Une mobilisation pour la liberté d’expression
Suite à la censure que subissent les médias russes, le peuple Ukrainien se mobilise afin de permettre aux citoyens de prendre connaissance du conflit et de l’ampleur des dégâts qu’il occasionne pour les deux nations. Pour ce faire, ils ont détourné une application ludique, Reface, partageant des images de bâtiments détruits à l’intérieur des villes ukrainiennes.
D’un autre côté, ReportersSansFrontières veut lutter aussi contre la hausse de la censure et a, pour ce faire, dans le cadre de son opération Collateral Freedom, débloqué un média russe, Meduza.org, un des plus populaires du pays. Ils n’hésitent pas aussi à lancer un appel aux autres médias bloqués par le gouvernement russe afin qu’ils puissent être réhabilités. RSF veut réellement lutter contre le plan d’éradication de la presse libre en Russie et ainsi soutenir les médias qui, depuis le 27 février, se voient censurés par le service de supervision de la communication russe.
Finalement, le collectif Anonymous a, lui aussi, décidé de prendre part au conflit. D’une part, le 28 février, ils ont incités les gens à laisser de faux avis à propos d’entreprises et de restaurants russes sur des applications destinées à cela, en expliquant la situation en Ukraine. Aussi, les hackeurs auraient réussi à pirater certains sites du gouvernement, en désactivant certains et parvenant même à accéder à certains fichiers gouvernementaux, en effaçant une partie et renommant d’autres. Le collectif est un grand défenseur de la liberté d’expression et ils n’hésitent pas à mettre tout en oeuvre pour que celle-ci soit respectée et que les médias russes ne soient plus censurés par le gouvernement.
Les cyberattaques se multiplient à l’encontre de la Russie et le collectif Anonymous n’est pas le seul à s’être lancé dans cette guerre virtuelle pour défendre l’Ukraine. Une cyberguerre dans laquelle Poutine ne reste évidemment pas sans défense.
Aujourd’hui, le conflit bat toujours son plein et, lorsque vous tapez « Ukraine-Russie » sur votre moteur de recherche, il est évident que vous tomberez sur de nouvelles infos, actualisées au fur et à mesure que le conflit se prolonge. Afin d’être parfaitement conscients des enjeux et de la situation, il est important pour tous de s’informer. N’hésitez donc pas à allez voir également notre article à propos du président russe et du pouvoir qu’il exerce sur les réseaux sociaux ou encore celui concernant les GAFAM et leur puissance face aux médias russes.
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