Lionel Groetaers, responsable de communication corporate de la société Etex, professeur et ancien consultant, nous livre son parcours professionnel atypique ainsi que ses meilleurs conseils pour se lancer dans l’écoute de notre environnement.
Bénédicte Kabengwa – Monsieur Groetaers, vous avez réalisé un bachelier en information et communication. Quelles sont les raisons qui vous ont poussées vers cette formation universitaire ?
Lionel Groetaers – Il y a toujours un petit facteur chance lorsque tu choisis tes études. Très souvent vers 17 ou 18 ans, tu n’as aucune idée des débouchés possibles en suivant ton bachelier. Il y a des personnes qui ont des vocations et qui savent dès le début. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour la plupart d’entre nous.
B.K. – Saviez-vous déjà, à la fin de votre bachelier, que vous comptiez réaliser un master en relations publiques et en communication des organisations ?
L.G. – Tu termines ton bachelier avec toujours très peu d’idées de ce que tu veux et surtout très peu de compréhension du monde, surtout professionnel. C’était donc encore plus abstrait de comprendre à quoi ce master allait mener.
Heureusement pour moi, j’ai eu quelques cours qui m’ont expliqué ce qu’est la communication d’entreprise à travers des notions comme : la crise, la gestion de la réputation et la communication interne. Très vite, je m’y suis intéressé même en dehors des bancs de l’auditoire.
Lors de ma deuxième année de master, j’ai effectué un stage dans une agence digitale. J’ai toujours baigné dans ce monde de l’informatique, car une partie de ma famille y travaille. J’ai découvert cette notion de réputation et d’écoute des parties prenantes sur le web. Cela m’a énormément interpellé de constater que des marques et des entreprises puissent, plus ou moins en temps réel, capturer ce que tout le monde dit à propos de leurs produits, leurs services, leurs sites, leurs marques… sur internet. Je me suis demandé s’il était possible de faire la même chose vis-à-vis des concurrents et des autres parties prenantes. C’est comme ça que j’ai démarré.
B.K. – Je constate que vous avez exercé trois professions différentes durant votre carrière. En quoi consistent ces métiers ?
L.G. – J’ai commencé ma carrière dans la consultance. C’est un métier où tu es directement confronté à plusieurs problématiques différentes. J’ai travaillé pour le secteur énergétique, le secteur bancaire, le secteur pharmaceutique, la grande distribution, le milieu hospitalier, etc. Tu as la chance de travailler (si tout va bien) avec des collaborateurs très compétents et qui ont beaucoup d’expérience. Tu évolues dans un environnement stimulant et enrichissant, car les événements vont très vite : gérer plusieurs clients par jour sur plusieurs projets.
Ensuite, je suis passé de l’autre côté : dans le monde de l’entreprise. Tu es aussi amené à trouver des solutions à beaucoup de problèmes. Néanmoins, en tant que responsable de la communication, tu te centres davantage sur convaincre les personnes en interne que telle ou telle action est la meilleure à mener.
Depuis quelques années, je travaille dans le milieu universitaire. Pour moi, ce n’est pas un métier, mais plutôt un hobby et un véritable plaisir. Cela me donne l’opportunité de partager la passion que certains professeurs ont pu me transmettre.
B.K. – Comment se déroule une journée ou semaine type en entreprise ?
L.G. – La charge de travail dépend de :
- Tes ambitions
- Ton entreprise
- Tes responsabilités
- La période de l’année et les échéances (publication des résultats financiers, réunion annuelle, grosses campagnes, voyages à l’étranger, etc.)
- La gestion d’équipe
Je n’ai pas de journée type, mais ma réalité est que je suis derrière mon ordinateur la plupart du temps ou en réunion. Le reste varie.
B.K. – Pourquoi vous êtes-vous tourné vers la communication corporate après la consultance ?
L.G. – Ce qui m’a principalement poussé à me lancer en entreprise, c’est la curiosité. Je dis toujours aux étudiants :
« Si tu veux travailler en agence, commence en entreprise et si tu veux travailler en entreprise, commence en agence. »
C’est intéressant de voir les différentes facettes du métier. Et puis, c’est aussi une question d’opportunités qui se présentent.
B.K. – Selon vous, quelles sont les principales différences entre le métier de consultant et le responsable de la communication ?
L.G. – D’après moi, être consultant c’est :
- Être un expert dans un domaine, mais il ne s’agit que d’une petite partie du chemin à parcourir.
- N’avoir personne d’autre que toi-même pour donner des recommandations spécifiques en lien avec les problèmes de ton client.
Mais la bonne nouvelle est que tu as accès à beaucoup d’informations venant d’entreprises différentes. Avec cela, tu peux très facilement trouver les bonnes pratiques grâce à tes connaissances dans d’autres secteurs.
D’un autre côté, être responsable de communication d’entreprise c’est :
- Être en mesure de comprendre ton business et ton environnement (défis, quotidien des ouvriers, problématiques des managers, engagement des employés, etc.).
- Être capable d’influencer l’entreprise sur un certain nombre de sujets et de comprendre précisément un certain nombre de problématiques.
- Être apte à apporter de la valeur et faire la différence dans une entreprise.
Dans la consultance, tu peux travailler de façon urgente sur certains projets. Lorsque tu reviens un ou deux ans après, tu ne comprends pas pourquoi rien n’a bougé. Tu te dis qu’il s’agit de grandes sociétés, qui potentiellement ont beaucoup d’argent.
Cependant, quand tu te retrouves de l’autre côté, tu comprends que ce n’est pas si évident d’implémenter les solutions proposées par la consultance. Cela demande de discuter et de convaincre beaucoup de personnes.
Selon moi, travailler en entreprise offre l’opportunité d’être humble, car tu te trouves sur le terrain. Néanmoins, une compétence transversale très commune aux deux professions reste la capacité d’écoute et de perception des problématiques des parties prenantes.
B.K. – Quels conseils pourriez-vous donner à une personne qui aimerait se former à l’écoute de ses parties prenantes ?
L.G. – Quelques conseils pour se former dans la veille :
- Avoir une bonne compréhension du métier de communication
- Comprendre la problématique de l’entreprise
- Comprendre précisément les notions de perception, d’influence et de réputation
- Comprendre la dynamique des parties prenantes qui s’expriment toutes en même temps
- Comprendre les fondamentaux en matière d’outils techniques (partie moins importante, car les outils évoluent tout le temps)
- Être curieux ou curieuse sur le monde qui t’entoure
Ce qui est important à retenir, c’est que tu peux réaliser une veille sur n’importe quel sujet de ton choix.
Tu désires commencer ta veille sur les métiers / portraits de la communication ? N’hésite pas à parcourir tous nos articles de cette catégorie.
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