La prise de parole en public est un élément essentiel et incontournable dans le milieu de la communication. Cependant, cet aspect du métier parait plus difficile pour les jeunes étudiants, que ce soit lors d’une prise de parole à l’université ou bien dans le cadre professionnel. Manque de confiance, stress, gestes parasites… Les défis sont nombreux et souvent liés à un manque d’expérience et de préparation. Cet article tente de comprendre l’origine de cette difficulté rencontrée par les étudiants et d’y apporter des solutions. Pour ce faire, nous avons mené deux interviews auprès de deux spécialistes en communication orale.

En combinant la pratique délibérée, la préparation rigoureuse et le développement personnel, il est possible de transformer cette crainte en véritable prise de confiance. Alors, si ce sujet vous intéresse, nous vous invitons à continuer de lire cet article.

Les intervenants

Pour la rédaction de cet article, deux intervenants ont accepté de répondre à nos questions sur la prise de parole.

La première spécialiste est Laurence Poot, professionnelle indépendante en gestion et coach en communication. Ses domaines de prédilection sont, entre autres : la prise de parole en public, la gestion de conflit et la gestion du stress. De plus, elle dispose d’une solide expérience en communication orale au vu de sa pratique en improvisation depuis ses quatorze ans.

Le deuxième intervenant est Nicolas Delebois, expert en management de transition durable et également coach en communication au sein du cabinet de conseil L&AD. Nicolas est spécialisé en communication durable mais aussi en prise de parole en public.

Les obstacles à la prise de parole en public

Ez-Zouhayry & Fallaki (2024, p.925) expliquent que les obstacles majeurs chez les étudiants sont le manque de confiance en soi ainsi que la peur d’interagir avec les autres. Les étudiants ont tendance alors à parler doucement et à manifester des signes de nervosité comme joindre leurs mains et ne plus les lâcher. Laurence Poot, spécialiste en prise de parole, explique qu’en faisant cela, les étudiants cherchent en réalité à se raccrocher à quelque chose de réconfortant. Cette attitude récurrente démontre une forme de malaise lors de la présentation dû à un manque d’entrainement. 

Le Mazier (2017, p. 42) affirme également qu’un manque de préparation immersive dans le milieu professionnel peut être un problème pour les étudiants et accroît les difficultés rencontrées. De plus, Ez-Zouhayry & Fallaki démontrent effectivement que, dans un premier temps, les étudiants ne sont pas habitués à prendre la parole en public. Ce manque d’entrainement engendre un manque de savoir-faire lors des présentations et, par conséquent, une peur de se lancer.

Enfin, le travail de Ginko (2021, p.22) démontre que le point principal à améliorer chez les étudiants est la présentation sur la forme. Les étudiants n’ayant pas l’habitude de présenter incluent des éléments parasites lors de leur prise de parole. Parmi ces éléments, nous retrouvons les gestes inutiles ou l’absence même de gestuelle mais aussi le manque de regard orienté vers le public ou encore la voix basse.

Nous constatons donc une convergence de points négatifs qui engendre une même problématique : la difficulté pour les étudiants à s’exprimer en public. Alors comment se préparer et remédier à ce problème ?

Comment améliorer sa prise de parole ?

Il existe d’innombrables pratiques pour améliorer sa prise de parole et celles présentées ci-après sont assurément efficaces pour combattre le stress causé. Dans un premier temps, il faut accepter que le stress fait partie de nous, comme l’explique Laurence Poot. De fait, le stress sera toujours présent malgré l’expérience. Elle explique qu’en dépit de ses nombreuses années de pratique, elle est toujours aussi angoissée. Selon elle, il faut donc accueillir ce stress, l’accepter et avoir recours à des techniques pour l’atténuer. Par exemple, des exercices de respiration, de la sophrologie ou écouter de la musique à fond. Dans tous les cas, le plus important est de prendre un temps pour soi avant la présentation pour se canaliser.

La préparation est évidemment très importante. Nicolas Delebois insiste : « Votre meilleur allié c’est votre préparation, votre meilleur ennemi c’est votre préparation ». Il souligne qu’il est normal avec le stress de ne pas dire les choses comme convenu, mais l’essentiel est de délivrer les messages principaux. Il nous rappelle également que nous sommes les seuls à le savoir si nous avons oublié une information. De plus, ces deux professionnels en prise de parole recommandent de mettre l’accent sur le début de la présentation ainsi que la fin. Selon eux, l’important est de capter l’attention du public à l’aide d’une accroche, tandis que la conclusion doit faire écho au début de la présentation pour une prise de parole réussie.

Ginko (2021, p. 23) souligne, dans son mémoire, l’importance des mentorats et les feedbacks personnalisés afin de permettre aux étudiants de s’améliorer. Selon elle, une méthode efficace pour mener les étudiants en communication vers la réussite en prise de parole est celle de la pratique délibérée. Au vu de leur manque d’expérience en prise de parole, elle pense que cette manière de procéder est la plus susceptible de fonctionner. Mais alors, qu’est-ce que la pratique délibérée ? Elle est définie par son concepteur Ericsson (1993 ; 2000). Selon sa définition, cette méthode est un entrainement intensif dans une matière où l’on a aucune expérience ni compétence. Dans le cas des étudiants, cela signifie de les immerger dans une pratique de prise de parole de manière intensive dans le but d’en faire des experts en communication. Les étudiants et les professeurs fixent des objectifs ensemble qui sont atteignables, ont recours à des exercices répétés et partagent des feedbacks personnalisés. La formation établie dans un temps limité, avec motivation et consistance s’avère très efficace en matière de prise de parole en public.

Vers une intégration réussie des étudiants dans le milieu professionnel

Pour contrer les difficultés des étudiants à s’exprimer en public, il est important de porter attention à plusieurs points. Il faut dans l’idéal, combiner des méthodes pédagogiques adaptées en milieu académique, prévoir une immersion progressive dans le milieu professionnel, mais aussi et surtout, travailler son développement personnel. Ces éléments travaillés ensemble permettent à l’étudiant de réellement s’améliorer.

Comme expliqué précédemment, les simulations et feedbacks réguliers proposés par Ginko (2021) sont essentiels pour permettre à l’étudiant de s’entraîner. S’entrainer dans un contexte sécurisant avec des professeurs, permet à l’étudiant d’avoir un retour direct, comprendre et corriger ses erreurs. Les professeurs font des feedbacks sur leur discours, mais aussi sur leur gestuelle qui est tout aussi importante. Ils peuvent également, ensemble, recréer un contexte d’entreprise afin d’encore mieux s’immerger dans la réalité professionnelle. Par exemple : des simulations d’entretien, des réunions, des présentations devant des directeurs d’entreprise, etc.

Le Mazier (2017) souligne l’importance d’une collaboration entre lieu académique et entreprise. Cela permet une meilleure adaptation pour les étudiants. Par exemple, les stages immersifs sont très intéressants pour les étudiants souhaitant « plonger dans le bain » directement. De plus, des conférences ou mentorats peuvent être également de précieuses opportunités pour entrainer les étudiants en prise de parole.

Pour terminer, la chose la plus importante est le développement personnel. Nicolas Delebois et Laurence Poot insistent tous les deux sur l’importance de se connaitre, d’accepter le stress, de se détendre et de s’entrainer. Ils démontrent tous deux l’intérêt de se préparer comme dit précédemment. En apprenant à se connaitre, il est plus facile de repérer nos gestes corporels ainsi que nos répétitions de mots qui nuisent à notre professionnalisme. En ce qui concerne les répétitions de mots, Nicolas affirme qu’il est très facile de les éliminer. Effectivement selon lui, il suffit de se les interdire mentalement ! De cette façon, vous serez amenés à utiliser d’autres mots pour vous exprimer.

Conclusion

La prise de parole en public représente un véritable défi pour certains étudiants où plusieurs causes ont été démontrées : le stress, le manque de préparation, le manque de confiance en soi et l’absence d’expérience. Cependant, ces différents obstacles peuvent être surmontés grâce à plusieurs méthodes à mettre en place :

• Gestion du stress : il est important d’accepter que le stress fasse partie de nous, il est inévitable. Des techniques existent pour le maitriser comme la respiration, la sophrologie, se préparer à l’avance et s’exercer.

• Une préparation rigoureuse : se préparer à l’avance est crucial. De plus, il est important de mettre l’accent sur l’accroche de la présentation ainsi que la conclusion. L’introduction et la conclusion sont en général les éléments retenus d’une présentation.

• Une pratique délibérée : l’entraînement intensif en prise de parole avec des professeurs permet des feedbacks personnalisés très pertinents pour s’améliorer.

• Collaboration entre le milieu académique et professionnel : des exercices préparés par des professionnels et professeurs comme des simulations en entreprise ou des stages d’immersion sont très efficaces pour immerger l’étudiant.

• Développement personnel : apprendre à se connaitre est primordial pour identifier ses points faibles dans le but de les améliorer plus facilement. De plus, cela permet de gagner en confiance en soi.

En appliquant ces conseils, vous ne verrez plus la prise de parole comme un obstacle, stress, mais comme une opportunité de vous affirmer et de convaincre. Vous pourrez mieux vous préparer aux exigences professionnelles. En résumé, l’application de ces méthodes vous donne toutes les cartes en main pour une communication orale réussie.

Bibliographie

GINKO, Maryna. Bonnes pratiques dans la prise de parole en public : Faire un discours en entraînements supervisés. Master, 2021. https://archive-ouverte.unige.ch/unige:154889

Le Mazier, J. (2017) . Les formations à la prise de parole en public Un indicateur du façonnage organisationnel dans deux syndicats étudiants. Agora débats/jeunesses, N° 77(3), 41-55. https://doi.org/10.3917/agora.077.0041.

EZ-ZOUHAYRY, F. ez- zahra . ., & FALLAKI, H. . (2024). La prise de parole en public dans l’enseignement supérieur : Quand le silence devient un frein à la réussite. Revue Internationale De La Recherche Scientifique (Revue-IRS), 2(3), 920–928. https://doi.org/10.5281/zenodo.11288079