ARTICLE MARKETING DIGITAL SUR LA COMMUNICATION PUBLIQUE ET RESPONSABILITÉ CITOYENNE « ENGAGEMENT ET REDEVABILITÉ »                                                                                    

par | Avr 23, 2025

À l’ère du numérique, la communication publique évolue, redéfinissant les liens entre institutions et citoyens. Les outils digitaux offrent de nouvelles opportunités d’engagement, de transparence et de participation. Toutefois, cette transformation soulève également des enjeux de redevabilité et d’éthique. Comment les acteurs publics peuvent-ils tirer parti du marketing digital pour renforcer la confiance des citoyens tout en assumant leurs responsabilités ? Une société moderne et démocratique, qui garantit les conditions d’une communication publique, est en droit d’attendre en retour le respect de ses principes fondamentaux.

Contexte

L’espace public est le lieu où les citoyens débattent de manière responsable et rationnelle des enjeux communs. Il constitue une plateforme essentielle à l’exercice de la citoyenneté, propice aux discussions contradictoires permettant de comprendre la réalité ou de déterminer ce qui devrait être. Les débats sur les conséquences d’une initiative ou d’un acte collectif, les discussions sur la légitimité des lois et du pouvoir en place, illustrent le caractère normatif de la discussion démocratique. Ces débats animent la société civile, les institutions publiques et l’État.

Pour Emmanuel Kant, la liberté d’expression et la circulation publique des idées relèvent du principe de publicité. La qualité, la pertinence et la justesse de l’information sont ainsi des conditions essentielles à une gestion saine des organisations et à une gouvernance éclairée. Dès lors, le droit de s’informer et le devoir d’informer avec rigueur deviennent impératifs, pour éviter la propagation de rumeurs, d’accusations erronées ou de diffamations, car le devoir de redevabilité l’exige.

Qu’est-ce qu’une communication publique responsable, ce à quoi s’engage implicitement tout professionnel de la communication ? Sur quoi repose la responsabilité et l’imputabilité de qui a choisi le difficile métier de communiquer?

La régulation déontologique des pratiques de communication dispose non seulement à une plus grande probité intellectuelle mais invite aussi à une honnête contribution à la vie démocratique et à la moralisation du comportement des acteurs de médias. L’élaboration déjà avancée de chartes ou de textes normatifs promet alors d’affermir sinon de restaurer une identité et un statut professionnels précaires.

Communication Publique Responsable

Qu’est-ce qu’une communication publique responsable ? Sur quoi repose la responsabilité de celui qui choisit le métier, parfois délicat, de communiquer? Toute communication publique engage, de manière implicite, une éthique professionnelle.

La régulation déontologique des pratiques de communication favorise une  plus grand probité intellectuelle, mais encourage également une contribution honnête à la vie démocratique. Elle participe à la moralisation des comportements des acteurs médiatiques. L’élaboration de chartes ou de textes normatifs contribue à affirmer une identité et un statut professionnels souvent précaires.

Postures de Communication dans l’Espace Public

  1. Communication journalistique

Selon Marc-François Bernier, la posture journalistique s’appuie sur l’objectivité et le doute critique. Elle se traduit par des enquêtes rigoureuses, des reportages approfondis et l’analyse de faits problématiques ou de dysfonctionnements démocratiques. Cette approche, guidée par un idéal d’exactitude et d’impartialité, repose sur le droit fondamental du public à l’information.

2 . Communication sociale

La communication sociale, selon Michel-Louis Rouquette, s’appuie sur une stratégie de persuasion patiente. Elle vise à modifier les comportements, attitudes et mentalités à travers une influence sur les normes sociales. Il ne s’agit pas de contraindre mais de susciter une adhésion volontaire et consciente, en informant et en éduquant la cible à travers un langage verbal et non verbal, efficace et respectueux.

3 . Communication organisationnelle

Pour Patrick RICOEUR. Les relations publiques présentent à cet égard  un double profil, œuvrant , soit en fonction de l’intérêt général pour autant qu’une autorité ou une institution publique soit concernée, soit selon des intérêts particuliers, multiples et contradictoire au cœur meme de la société civile adoptant la posture de communication pour convaincre ou pour promouvoir ces différents intérêts, elles peuvent compter ou miser sur les ressources infinies de la rhétoriques. Elles dépassent en cela largement la seule visée informative.

Le paradigme éthique de la responsabilité

Principe de responsabilité

Pour Sylvestre Moulins, le principe de responsabilité repose sur une double normativité : juridique et morale.​

  • Responsabilité juridique : Enchâssée dans la loi, elle concerne la réparation des torts en droit civil ou la sanction des infractions en droit pénal. Elle repose sur l’imputabilité des actions nuisibles.
  • Responsabilité morale : Plus large et moins définissable, elle engage chaque individu dans ses relations avec autrui, allant au-delà du cadre légal.

Engagement de la responsabilité

Hannah Arendts’interroge sur la responsabilité individuelle et collective. Peut-on tenir moralement responsable un individu pour des actes qu’il n’a pas directement commis, mais réalisés au nom du groupe auquel il appartient ? Elle suggère une convergence entre responsabilité et solidarité humaine : chaque citoyen est responsable de ce monde commun auquel il appartient.

Responsabilité des Citoyens face au Droit à l’Information

La crise des valeurs éthiques dans notre société moderne révèle un déséquilibre entre ce que les individus doivent assumer et ce que la collectivité en attend. Lina Trudel souligne que l’information est un besoin vital dans une société complexe et pluraliste. Elle permet aux citoyens de participer démocratiquement à la vie collective. Ce droit à l’information requiert une information variée, fiable, juste et accessible.

Mais s’informer de manière responsable implique :

  • Diversifier ses sources et observer les biais médiatiques ;
  • Développer une lecture critique de l’information ;
  • Participer aux débats publics, intervenir dans les médias, et exercer une vigilance citoyenne.

Le public a le droit d’exiger des médias qu’ils respectent les normes de qualité et de déontologie. Pour ce faire, il doit s’éduquer, analyser, critiquer et s’exprimer sur le travail journalistique.

Conclusion

En résumé, une communication publique responsable, un engagement citoyen actif et une redevabilité des institutions sont les piliers essentiels d’une démocratie vivante et saine. Ces éléments se soutiennent mutuellement, créant un cercle vertueux : une information fiable stimule la participation, qui à son tour exige une plus grande transparence et responsabilité de la part des institutions.

À retenir :

Communication publique responsable :

  • Elle doit être fiable, claire, objective et compréhensible par tous.
  • Elle privilégie le dialogue et non la communication unidirectionnelle.
  • L’ère numérique exige vigilance face aux fausses informations.

Engagement citoyen :

  • Il ne se limite pas au vote, mais inclut débat, critique et propositions.
  • Il doit être soutenu par une éducation civique et un accès à l’information.

Redevabilité :

  • Les institutions doivent rendre compte de leurs décisions.
  • Elle implique transparence, évaluation et sanction en cas d’abus.
  • Elle renforce la confiance et stimule la participation citoyenne.

Bibliographie :

  • Arendt, H. (2005). Responsabilité et jugement. Paris : Payot & Rivages.
  • Bernier, M.-F. (2007). Éthique et déontologie du journalisme (3e éd.). Québec : Presses de l’Université Laval (PUL).
  • Kant, E. (2009). Réponse et vérité : L’éthique de l’information au défi du changement médiatique. Paris : Labor et Fides.
  • Moulins, S. (2023). Rhétorique, communication assertive et écoute active. Paris : L’Harmattan.
  • Ricœur, P. (2004). Parcours de reconnaissance. Paris : Gallimard.
  • Rouquette, M.-L. (1998). Les éléments de la communication sociale. Paris : Dunod.
  • Trudel, L. (2022). La population face aux médias. Montréal : VLB Éditeur.

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