Les labels écologiques : un outil de communication crédible ou un argument marketing ?

par | Mar 24, 2025

Les labels écologiques, définis comme des certifications attribuées à des produits ou services respectant des critères environnementaux stricts évalués sur l’ensemble de leur cycle de vie , sont devenus des repères essentiels dans l’économie actuelle. Selon une enquête de l’ADEME, 59 % des Français déclarent connaître des labels environnementaux, les plus reconnus étant l’Agriculture Biologique (AB), l’Écolabel européen et Ecocert . Cette notoriété croissante incite de plus en plus d’entreprises à afficher un engagement environnemental pour influencer les décisions d’achat des consommateurs.

Cependant, la prolifération des labels et l’absence de standardisation engendrent une confusion parmi les consommateurs et ouvrent la porte au greenwashing. Par exemple, certains labels auto-déclarés, créés par les entreprises elles-mêmes sans contrôle indépendant peuvent induire en erreur sur les véritables engagements écologiques. À l’inverse, des labls stricts tels que l’Écolabel européen garantissent des engagements environnementaux vérifiés par des organismes indépendants . En 2018, 76 % des Français connaissaient l’Écolabel européen et 25 % affirmaient avoir déjà acheté un produit ou utilisé un service portant ce label.

La mise en place de normes claires et d’audits indépendants est donc essentielle pour renforcer la crédibilité des labels écologiques et maintenir la confiance du grand public.

Multitudes de labels écologiques populaires dans le but de les illustrer
Multiples labels écologiques utilisés dans le monde

Rôle des labels dans la communication des entreprises

Les labels écologiques jouent un rôle important dans la stratégie de communication des entreprises. Selon Patricia Crifo et Rodolphe Durand (2020) ils sont même devenus essentiels pour des entreprises qui veulent promouvoir une image responsable aux enjeux environnementaux.  Ces labels agissent comme des signes de crédibilité et de transparence et assurent que les produits respectent des critères environnementaux rigoureux. En revanche, leur notoriété et leur transparence peuvent avoir un impact sur la confiance que les labels génèrent. Car, lorsqu’un consommateur perçoit un label comme dit “fiable”, celui-ci est davantage plus susceptible de faire des choix plus durables.

Exemples de labels reconnus et leurs critères : 

Par exemple, il y a le label AB (Agriculture Biologique) qui certifie que les produits sont issus d’un mode de production respectueux de l’environnement et sans produits chimiques. Le label FSC (Forest Stewardship Council) garantit que les produits en bois et/ou en papier proviennent de forêts gérées de manière responsable. Et pour finir, le label Ecolabel européen, qui est attribué aux produits qui répondent à des critères écologiques qui couvrent plusieurs catégories (papier, appareils électroménagers, etc.). 

Une chose à laquelle il est important de faire attention, c’est que certains labels sont parfois utilisés à des finalités marketing plutôt que comme des indicateurs de durabilité. 

Par exemple, un label reconnu comme AB peut permettre à une entreprise de se démarquer de ses concurrents en valorisant ses produits. Cependant, si trop d’entreprises utilisent des labels similaires, cela peut réduire leur impact et semer la confusion chez les consommateurs.

De nos jours, comme le dit Blesserholt, Jde (2020), de plus en plus de labels écologiques se multiplient mais continuent d’engendrer beaucoup de confusion chez les consommateurs. En effet, ceux-ci peuvent avoir du mal à différencier un label légitime d’un autre label moins rigoureux. 

Une partie des labels sont perçus par les individus comme des arguments marketing. Ceux-ci visent à attirer l’attention des consommateurs sans but précis. L’AMF (Autorité des Marchés Financiers) a remarqué que certains malentendus se manifestent dans le secteur financier comme expliqué dans l’article « Le rôle des labels dans la finance verte : construction et régulation d’un marché des labels en France » (2020). Pour illustrer cela, les nombreux labels ISR (Investissement Socialement Responsable) ne garantissent pas vraiment un impact concret. Cela rend le marché difficile à comprendre et peut tromper la confiance des consommateurs.

La normalisation des labels écologiques, c’est-à-dire la mise en place de règles et de critères communs pour encadrer leur création et leur utilisation. Cela pourrait être une solution pour éviter la confusion chez les consommateurs. Pour leur permettre d’identifier plus facilement les produits véritablement responsables, il faudrait une meilleure régulation et une harmonisation des critères. Plusieurs initiatives, comme la taxonomie verte de l’Union Européenne, vont dans ce sens en établissant des critères clairs pour ce type de labellisation.

Malgré le fait que beaucoup de labels soient utilisés à des fins marketing pour attirer l’attention des consommateurs, d’autres sont soutenus par des critères et des audits réguliers. Par exemple, le label FSC ou le label européen. L’utilisation des labels doit être analysée en fonction de la transparence et du sérieux du processus de certification. Les différentes entreprises qui emploient des labels fiables peuvent soutenir une consommation responsable. Celles qui utilisent des « labels marketing” sont susceptibles d’avoir une perte de confiance. 

Les dérives des labels

L’objectif des labels écologiques est de guider les consommateurs à faire des choix responsables en garantissant des produits respectueux de l’environnement, mais la multiplication de labels et le manque d’harmonisation de ceux-ci sème la confusion et favorise certains abus. Certaines entreprises en profitent pour exploiter ces labels à des fins marketing, sans réel engagement écologique.

Le marché͏ des labels écologiques connaît une grande diversité avec la pr͏ésence de͏ nombreuses marques écolo͏giques (Veja, Patagonia, People Tree, etc..) aux critèr͏es énergétiques différe͏nts. Certa͏ins, comme l’Ecolabel européen ou le label AB sont sou͏mis à des règles strictes, tandis que d’autres, moins exigeants, sont créés dir͏ectement par des entreprises sans validation extérieu͏r͏e.͏ Ce manque de standardisation peut causer des problèmes de compréhension pour les consommateurs. Par exemple, un produit peut avoir beaucoup de labels, sans que leurs sens soient bien expliqués. La multiplication de ces logos fait baisser la confiance des gens et rend difficile de voir si ces logos sont fiables ou s’ils s’avèrent être de simples arguments de marketing.

Illustration représentant le développement durable, l'économie circulaire et la protection de l'environnement à travers un globe entouré de flèches recyclables
Symbole du développement durable et de l’économie circulaire

Étude de cas : Stanley and Stella, une entreprise qui utilise efficacement les labels

Stanley/Stella est un exemple emblématique d’une entreprise qui s’appuie sur les labels écologiques pour renforcer la crédibilité de son engagement durable. Spécialisée dans la production de vêtements en coton biologique et en matériaux recyclés, la marque met en avant des certifications reconnues telles que GOTS (Global Organic Textile Standard), OCS (Organic Content Standard) ou encore Fair Wear Foundation.  

Mannequins portant du textile de la marque Stanley/Stella
Image promotionnelle d’une campagne marketing Stanley/Stella
Étiquette intérieure d'un produit textile Stanley Stella avec la présence de 2 labels écologiques.

Ces labels ne se limitent pas à un simple argument marketing : ils participent donc à un récit marketing fondé sur la transparence et la responsabilité environnementale. Par exemple, la certification GOTS (Global Organic Textile Standard) garantit que le coton est issu de l’agriculture biologique, sans recours aux pesticides chimiques ni aux OGM et assure une traçabilité complète de la production à la distribution. De son côté, la certification OCS (Organic Content Standard) vérifie la présence et la proportion de matières biologiques dans un produit en assurant également la traçabilité tout au long de la chaîne de production.

D’un point de vue social, Stanley/Stella est également membre de la Fair Wear Foundation (FWF), une organisation indépendante qui audite les conditions de travail dans l’industrie textile et accompagne les marques dans leur amélioration continue. L’entreprise a intégré la FWF dès 2011 et s’engage à respecter un code strict incluant le paiement d’un salaire vital, la liberté syndicale et des conditions de travail sécurisées. Chaque année, la performance sociale de la marque est évaluée via un Brand Performance Check dont les résultats sont rendus publics. Tous ces évènements permettent de renforcer la transparence de l’entreprise. 

En intégrant ces certifications dans son identité visuelle et sa communication, la marque Stanley/Stella marque son positionnement dans une démarche éthique et durable. Elle répond donc aux attentes des consommateurs à la recherche d’authenticité. Toutefois, l’usage de ces labels dans une stratégie de marque pose la question de leur réception par le public : s’agit-il d’une preuve tangible d’engagement ou d’un levier marketing habilement exploité ? Cette interrogation est d’autant plus pertinente dans un contexte où la transparence et l’impact réel des initiatives RSE sont de plus en plus recherchées. 

Vidéo promotionnelle Stanley/Stella « Corporate wear with a conscience »

Importances des audits indépendants et de critères plus stricts 

Les audits indépendants et des critères plus stricts sont essentiels pour renforcer la crédibilité des labels écologiques et garantir un engagement réel des entreprises envers la durabilité. Alors que certaines marques optent pour des auto-déclarations, ces dernières sont souvent perçues comme moins fiables par les consommateurs, émettant un doute sur un potentiel effet de  greenwashing. Les certifications délivrées par des organismes tiers permettent d’établir un cadre rigoureux, favorisent la réduction d’informations superflues et garantissent la transparence des pratiques environnementales et sociales. Néanmoins, l’efficacité de ces certifications repose aussi sur la crédibilité des organismes certificateurs et leur capacité à imposer des normes plus ou moins élevées et vérifiables. Ainsi, pour maximiser leur impact, les audits doivent être réguliers, indépendants et accompagnés d’une communication claire auprès des consommateurs.

Rôle des consommateurs et des organismes de certification dans la lutte contre le greenwashing

Les consommateurs et les organismes de certification jouent un rôle clé dans la lutte contre le greenwashing car ils renforcent la transparence et la crédibilité des engagements environnementaux des entreprises. Face à la multitude de labels et d’auto-déclarations, les consommateurs deviennent de plus en plus exigeants et recherchent des garanties indépendantes pour valider les allégations écologiques des marques. Les audits réalisés par des organismes tiers permettent d’imposer des critères stricts et de limiter les pratiques opportunistes des entreprises qui exagèrent ou falsifient leur impact environnemental. Cependant, pour être efficaces, ces certifications doivent être compréhensibles et bien communiquées au public car une méconnaissance des labels peut réduire leur influence sur les décisions d’achat. Ainsi, une vigilance accrue des consommateurs combinée à des audits rigoureux et transparents est essentielle pour lutter contre le greenwashing et encourager des pratiques réellement durables.

Bibliographie

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De Freitas Netto, S. V., Sobral, M. F. F., Ribeiro, A. R. B., & Da Luz Soares, G. R. (2020). Concepts and forms of greenwashing : a systematic review. Environmental Sciences Europe, 32(1). https://doi.org/10.1186/s12302-020-0300-3

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Kanik, T. (2014). Environmental marketing – Establishing credibility through partnerships. SSRN Electronic Journal. https://doi.org/10.2139/ssrn.2782103

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Rousseau, C. (2004). Label écologique européen: quels impacts sur les choix de consommation ?. CRIOC.

https://stanleystella.com/fr-be/

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