Le film « Une interview qui tue » (ou « The Interview » en anglais) a créé une controverse internationale en raison de son contenu humoristique considéré comme insultant envers la Corée du Nord et son dirigeant, Kim Jong-un. Des menaces de représailles et des piratages ont entouré la sortie de ce film, soulevant des questions sur les limites de la liberté d’expression et les conséquences de l’humour politique. Cet article revient sur la polémique suscitée par ce film et son expulsion de la plateforme Netflix pour le 31 mars prochain.

« Une interview qui tue » est une comédie américaine sortie en 2014. Le film raconte l’histoire de deux journalistes, Dave Skylark et Aaron Rapoport, qui sont invités à réaliser une interview exclusive avec Kim Jong-un, le dirigeant nord-coréen. Mais leur mission prend un tournant inattendu lorsque la CIA leur demande de tuer Kim Jong-un pendant l’interview.
Le film met en vedette James Franco dans le rôle de Dave Skylark, Seth Rogen dans le rôle d’Aaron Rapoport et Randall Park dans le rôle de Kim Jong-un. Le film a suscité une grande polémique avant et après sa sortie, principalement en raison de son contenu humoristique considéré comme insultant pour la Corée du Nord et son dirigeant, Kim Jong-un.
La Corée du Nord menace, des cinémas se protègent et des hackers frappent
La Corée du Nord a dénoncé le film comme étant une « provocation insensée » et a menacé des représailles si le film était diffusé. En réponse, certains cinémas ont décidé de ne pas projeter le film, tandis que d’autres ont augmenté leurs mesures de sécurité. En outre, des hackers liés à la Corée du Nord ont piraté les serveurs de Sony Pictures, la société de production du film, en représailles pour sa sortie. Les hackers ont divulgué des informations confidentielles sur les employés de Sony Pictures, ont détruit des données et ont menacé de commettre des actes de terrorisme contre les cinémas qui projetaient le film.
“Rappelez-vous du 11 septembre”
« Nous allons vous montrer clairement dans tous les lieux où ‘L’interview qui tue !’ sera diffusé, notamment lors de l’avant-première, à quel destin tragique sont voués ceux qui cherchent à se moquer de la terreur. Rappelez-vous le 11 septembre 2001. Nous vous recommandons de vous tenir à distance des endroits », ont déclaré les hackers. Et d’ajouter : « Et si votre maison est à proximité, vous devriez partir ».
Suite aux menaces qui avaient été proférées, la tournée de promotion et l’avant-première new-yorkaise du film comique avaient été annulées. Dans un premier temps, Sony avait décidé de ne pas sortir le film en salles, mais avait finalement autorisé sa diffusion dans quelques cinémas américains le 24 décembre 2014. En France, la sortie du film avait d’abord été annulée, puis reportée au 22 avril 2015.

Le dirigeant Kim Jong-un de son côté, pris alors par une vive colère, s’est exprimé via un communiqué : « Ces cinéastes vulgaires, appâtés par quelques dollars jetés vers eux par des conspirateurs, ont sali la dignité et la conscience du cinéma en osant produire et réaliser un tel film. En conséquence, ils doivent être sévèrement punis (…) Pitoyables sont les Etats-Unis, cherchant désespérément à affaiblir l’autorité de notre République, pourtant plus puissante chaque jour, avec un film minable, alors qu’aucune pression ou menace n’a jamais fonctionné contre nous ».

Netflix et l’humour politique : une liberté d’expression encouragée
De son côté, Netflix produit et diffuse depuis toujours une grande variété de films à humour politique qui abordent des sujets tels que la politique, la société et la culture populaire. La plateforme a produit et diffusé plusieurs comédies politiques, telles que « The Politician » et « Space Force », qui explorent les mécanismes du pouvoir politique, ainsi que « The Interview ».
En général, Netflix encourage la liberté d’expression et la diversité des points de vue dans son contenu, y compris l’humour politique. Cependant, la plateforme peut également prendre en compte les réactions du public et de la critique avant de diffuser certains contenus, afin d’éviter toute offense ou polémique inutile.
Netflix a mis en place des politiques de contenu qui incluent des critères pour limiter les propos haineux et la discrimination, mais qui permettent également l’humour et la satire, dans le respect des normes culturelles et juridiques des différents pays où le service est disponible. De plus, on a pu voir récemment dans un article du Wall Street Journal que, depuis le début de la guerre en Ukraine, la plateforme a refusé de diffuser du contenu Russe même s’il en est légalement obligé. En fin de compte, la plateforme cherche à offrir des contenus de qualité qui suscitent des discussions et des réflexions sur des sujets pertinents et contemporains, tout en respectant les valeurs de liberté d’expression et de diversité.
Le sort (in)certain de « Une interview qui tue » sur Netflix »
En somme, le film « Une interview qui tue » a suscité des critiques et des polémiques en raison de sa représentation humoristique d’un pays et de son dirigeant souvent considérés comme dangereux et menaçants, ainsi que de la controverse qui a entouré sa sortie. Jusqu’à il y a peu, Netflix n’avait jamais annoncé son intention de bannir le film « Une interview qui tue ». Le film est disponible sur Netflix dans certains pays, mais pas dans tous les pays où le service est disponible.
Bien que la menace du bannissement pèse réellement sur ce film, nombreuses sont les personnes sur les réseaux qui affirment que rien n’est encore sûr et pensent que la plateforme de streaming réfléchit encore au cas de “The interview”. Selon ces internautes, malgré les accusations et la polémique initiale du film humoristique, Netflix a tendance à être assez ouvert en matière de contenu et à offrir un large éventail de films et de séries à ses abonnés. Ce pourquoi le film pourrait peut-être garder sa place sur la plateforme. Encore une fois, rien n’est certain à ce jour.

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