Le Carnaval de Louvain-la-Neuve : Un évènement qui casse les codes ?

par | Mar 11, 2025

Le Carnaval de Louvain-la-Neuve est un événement qui fait pleinement partie du folklore louvaniste et requiert inévitablement une communication événementielle. Celle-ci repose à la fois sur des pratiques traditionnelles et des stratégies de communication modernes pour capter un public varié. Mais dans quelle mesure cette communication respecte-t-elle, est-elle conforme aux grandes théories de la communication événementielle et/ou folklorique ? Cet article permettra d’identifier si la stratégie utilisée s’inscrit dans ces logiques ou s’en écarte.

Le contexte : un carnaval basé sur la culture étudiante

Le Carnaval de Louvain-la-Neuve à indéniablement lieu dans un contexte universitaire et communautaire. Adressé et destiné majoritairement aux jeunes et étudiants de la ville, il attire également les résidents et amateurs des alentours voire plus. Il se veut festif et culturel : il veut célébrer les traditions en favorisant la participation de tous. Ces principaux objectifs sociaux concernent la transmission du patrimoine et l’inclusion des différentes composantes de la ville, quelles qu’elles soient, tout en prenant en compte l’évolution des pratiques communicationnelles.

La montée en puissance des nouvelles technologies permet d’accentuer la diffusion de l’événement au-delà des cercles habituels. Le carnaval est donc de plus en plus à la croisée des chemins entre reproduction historique et déploiement digital, une dualité qui peut sans doute assurer sa longévité.

Source :  carpestudentem.org

Les signes visuels : mixe entre symbole et identité

Les visuels utilisés par le carnaval montrent le caractère festif et communautaire de l’événement. Les éléments distinctifs sont indéniablement les déguisements, les chars voire même les affiches promotionnelles.

  • Icônes : les figures du carnaval représentent des archétypes connus du folklore belge (Gilles, masques, caricatures,…).
  • Symboles : les couleurs et les motifs festifs sont des incontournables de l’identité qui rappellent les traits de dérision habituels du carnaval en Belgique.
  • Indices : la musique et les slogans humoristiques donnent un moment de scission, de rupture, avec le quotidien universitaire.

C’est pourquoi, additionnée à ces visuels plus « traditionnels », une communication digitalisée permet d’adopter de nouveaux éléments graphiques : des gifs, des filtres et/ou des stickers spécialement créés pour l’occasion. Ce mélange entre habitudes traditionnelles et moyens modernes peut renforcer la viralité du carnaval sur les plateformes et réseaux sociaux.

Le texte : un phrasé ludique et rassembleur

L’analyse textuelle des contenus postés démontre indéniablement l’usage d’un vocabulaire qui se veut festif et rassembleur.

  • Lexique : un vocabulaire « classique » et humoristique est choisi afin de maximiser la proximité avec le public (jeux de mots, expressions étudiantes,…).
  • Figures de style : de nombreuses hyperboles et métaphores essayent d’accentuer l’aspect « incroyable de l’événement » (« Un tsunami de couleurs », « La fête qui réveille LLN ! »).
  • Énonciation : l’usage fréquent du « nous » et du « tu » renforce un possible sentiment d’appartenance et appelle à la participation.

Les textes diffusés et partagés sur les réseaux sociaux utilisent eux aussi les tendances du moment, en utilisant des memes d’internet ou en reprenant des expressions connues. Cette stratégie assure une efficacité plus forte auprès des publics plus jeunes.

Source : Facebook de l’événement

Les codes médiatiques : un changement des supports

La communication du carnaval est basée sur un mélange entre utilisation de médias traditionnels et numériques.

  • Relation texte/image : les éléments visuels utilisés et les affiches montrent des slogans percutants qui veulent attirer l’attention et renforcer le caractère unique de l’événement.
  • Temporalité : la stratégie veut s’articuler autour de différents moments « forts » (des teasers avant l’événement, une diffusion en direct et des rétrospectives après l’événement).
  • Supports utilisés : les réseaux sociaux (Instagram, TikTok, Facebook,…) sont utilisés afin de créer un engouement, une ferveur autour du carnaval, contrairement aux affiches et tracts qui marquent l’événement dans l’espace physique.

L’utilisation de technologies plus immersives, comme la réalité augmentée, pourrait bien être un futur levier pour améliorer l’expérience interactive des participants.

La narration : un récit commun et participatif

Le carnaval repose sur son caractère narratif qui veut encourager l’immersion des participants.

  • Actants : les étudiants et les associations ont le rôle de protagonistes, contrairement à l’université et les institutions locales qui sont des adjuvants aidant à l’organisation.
  • Programme narratif : l’événement essaye de se construire comme une expérience à vivre à plusieurs, en groupe, marquée d’étapes clé (des défilés, des concerts, une clôture festive,…).
  • Modalités : la participation active des gens venant assister à l’événement est essentielle, accentuée par des rituels comme l’apparition de personnages symboliques ou la remise de prix pour les meilleurs costumes.

L’idéologie : un carnaval qui affirme son identité

L’impact du carnaval dépasse largement l’aspect simplement festif et veut renforcer une identité, un sentiment communautaire.

  • Réception : il suscite un sentiment d’appartenance et la fierté locale.
  • Idéologie : il tient à promouvoir des valeurs de partage, de créativité des participants et d’inclusion de tous, tout en jouant avec une utilisation et une appropriation des codes universitaires.
Source : L’avenir

Les limites : un maximum atteint ?

Cependant, il existe bel et bien certaines limites dans la communication actuelle du carnaval. Par exemple, l’absence de réelle stratégie « post-événement » clairement établie peut potentiellement réduire la portée de l’événement sur le long terme. S’il n’y a pas de suivi efficace (des analyses de satisfaction, une documentation historique et/ou un archivage des éditions passées), le carnaval pourrait risquer de voir son impact réduit sur les générations futures. De plus, la participation et l’intégration des commerces locaux et des institutions semblent inégales, ce qui peut limiter son influence sur la population de Louvain-la-Neuve et alentours.

Conclusion

Le Carnaval de la ville de Louvain-la-Neuve a pour objectif de mélanger au mieux tradition et modernité, pour cela il utilise des références culturelles et essaye d’adapter sa communication aux attentes et besoins modernes. Son objectif est donc de garantir la longévité de l’événement et de renforcer son ancrage dans le monde des événements folkloriques.

Source : RTBF

Cependant, s’il veut assurer son avenir, le carnaval aura plusieurs défis majeurs à relever. Tout d’abord, une amélioration de l’archivage et de l’utilisation des éditions passées dans sa communication peut par exemple permettre d’assurer une bien meilleure transmission des méthodes et pratiques culturelles utilisées. Ensuite, augmenter l’usage des moyens numériques modernes (comme la réalité augmentée, des expériences immersives, des retransmissions en direct plus élaborées,…) peut indéniablement augmenter l’engagement du public et l’interactivité de l’événement. Enfin, une collaboration encore davantage rapprochée avec les partenaires locaux, que ce soient des entreprises locales ou des institutions culturelles, peut permettre d’augmenter encore davantage l’impact du carnaval et de garantir sa reconnaissance au-delà de son mode actuel.

Si cet article t’a plu, n’hésite pas à en lire d’autres dans la section « Communication culturelle » de Decodagecom ou à consulter les autres sections de la plateforme.

https://decodagecom.be/category/decodage-camppagnes-communication/communication-culturelle/

Ressources utilisées :

  • Perlstein, J., & Piquet, R. (1985). La communication événementielle et l’engagement social. Presses Universitaires de France.
  • Gregory, A. (1984). Internal and External Event Communication Strategies. Routledge.
  • Bertrand, D. (2022). La Communication Événementielle : Stratégies, Processus et nouveaux Enjeux. Dunod.

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